Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, comment le carriériste qui n’empruntait que les autoroutes, s’aventure désormais sur des chemins de traverse, construit une nouvelle existence dans l’industrie, mais laisse désormais du temps au temps pour nourrir ses passions. L’avant AVC et le sentiment de toute puissance. L’après AVC, la rééducation jamais finie et l’apprentissage de l’humilité. Christian Streiff raconte son long coma, sa résolution de s’accepter diminué pour vaincre les séquelles de la maladie et retrouver une vie normale. Pour celui qui fut l’un des plus puissants patrons de France, cela signifie une vie sans temps mort. Le capitaine d’industrie ne renonce jamais aux projets d’avenir. L’homme confronté à son handicap est beaucoup moins résolu pour tracer son chemin personnel, avec une seule ambition : ne pas rater sa vie et accomplir ses rêves en se donnant les moyens du temps. Découvrir le monde à pied, sur l’eau, satisfaire sa curiosité de nature en solitaire... La question qui reste en suspens étant le paradoxe de l’homme pressé dans son métier et contemplatif dans ses passions. C’est un récit hanté par la perte d’une partie de soi et la nécessité de retrouver un chemin. La fascination d’un vécu de l’intérieur quand l’homme est confronté à sa mort alors que rien ne l’y préparait, qu’il se croyait au sommet de sa vie, intouchable. L’AVC est devenu une maladie commune qui touche plus de 130 000 personnes en France chaque année, dont environ 50 000 en meurent. Le plus souvent, celles qui en réchappent demeurent handicapées. L’AVC peut frapper n’importe qui, les grands comme les miséreux. Le témoignage de Christian Streiff est d’autant plus passionnant qu’il entre dans la catégorie de ceux qui semblent invincibles. Dans un premier temps, se raconter a semblé pour l’auteur presque humiliant. Avouer sa maladie, c’était avouer être descendu de son piédestal. Un homme puissant n’est pas plus combatif et philosophe que le citoyen lambda. L’expérience de la maladie, le handicap et la confrontation avec la mort abroge les distances entre les hommes. Les questions de l’auteur sont celles de chacun.